Pour la deuxième édition de Paris + par Art Basel, la Galerie Poggi invite l’architecte d’intérieur Marie-Anne Derville à mettre en scène un dialogue subtil entre Anna-Eva Bergman, Kapwani Kiwanga, Djamel Tatah et Ittah Yoda.

Meublé avec les chaises conçues par Frank Beat pour le Couvent de la Tourette en 1959, ce stand minimaliste se concentre sur quatre pièces essentielles de chacun des artistes, soulignant leur dimension atemporelle, voire spirituelle, aux confins de la Nuit des Temps.

En parallèle de Paris +, la Galerie Poggi inaugure son nouvel espace, situé directement sur le parvis du Centre Pompidou avec une exposition collective intitulée «La Première Pierre, de la préhistoire à nos jours», réunissant 40 artistes sur 350 m2.

Verbatim de Jérôme Poggi

“Pour cette nouvelle édition de Paris +, il n’était pas évident d’imaginer un projet aussi fort que celui orchestré l’an passé autour du chef-d’oeuvre si contemporain d’Edvard Munch (Les Baigneurs, 1911). Cette année, l’oeuvre Anna Eva Bergman, qui a ébloui tant de monde lors de sa rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris au printemps dernier, sera le point de départ de ce nouveau projet pour la foire. La Fondation Hartung Bergman nous a confié un tableau exceptionnel et rare intitulé Nuit Arctique (1969), proposé à 700 000 euros hors taxes. C’est cette nuit sans début ni fin qui nous a inspiré dans le développement de ce projet. Cette lumière, ni tout à fait diurne, ni tout à fait nocturne, qui nous soustrait au temps, nous met dans une sorte d’apesanteur temporelle.

Ittah Yoda, Elina (Win series), 2023

C’est pourquoi nous l’avons fait dialoguer avec un splendide triptyque de Djamel Tatah, représentant des figures flottantes, vues de dessus, comme si elles étaient en apesanteur dans l’espace chromatique si absorbant de l’artiste : ce mélange de cire et d’huile qui est la signature de son oeuvre. Djamel Tatah avait réalisée cette oeuvre pour sa dernière rétrospective au Musée Fabre de Montpellier (2022-2023).

En filant cette métaphore de l’entre-deux, où se rejoignent la nuit et le jour, Kapwani Kiwanga a produit expressément pour Paris + par Art Basel une sculpture qui poursuit ses recherches sur le verre commencée pour la Biennale de Venise en 2022, et qu’elle approfondira pour le Pavillon canadien à Venise l’année prochaine. C’est une sculpture en verre murale, faite de verre colorée et de sable qui résonne avec le tableau de Bergman.

Anna-Eva Bergman, N°50-1969 Nuit arctique II, 1969

Mais aussi avec les oeuvres en verre qu’Ittah Yoda a réalisé à la Fondation Martel, et dont les premiers prototypes sont exposés dans leur exposition au CIAPV – Île de Vassivière. Des sculptures en forme de panse ou d’amphore qui contiennent un parfum mystérieux, commandé à David Chieze pour Marc Burton Studio avec pour consigne de créer en quelque sorte l’odeur de la « Nuit des temps ». Pour orchestrer finement ce dialogue, j’ai fait appel à la scénographe Marie-Anne Derville qui avait signé pour nous la scénographie tant admirée de l’exposition « Edvard Munch / Anna Eva Bergman. Une cosmologie de l’art » à l’automne 2022. C’est à nouveau avec un geste d’une extrême élégance qu’elle va signer le stand en soulignant les arrêtes de son architecture, s’inspirant d’une magnifique exposition de Jean Arp présentée en 1928 à la Galerie L’Époque, à Bruxelles”.